Cette fois, c’est sûr, Apple devrait bel et bien sortir sa montre connectée. Pour le moment, malgré le flot incessant de rumeurs et autres prédictions d’analystes, on ne sait quasiment rien du projet d’iWatch censé être dans les cartons d’Apple depuis des années déjà, et qui pourrait devenir une réalité avant les prochaines fêtes de Noël.
Seulement, en voyant les efforts faits par Samsung pour parvenir à écouler ses stocks de Gear, on ne peut que nourrir les plus grands espoirs de voir une nouvelle fois la Pomme bousculer le marché, pour ne pas dire le révolutionner, comme elle a su il y a quelques années offrir un nouveau visage au monde de la téléphonie mobile. Pour cela, Apple doit apprendre très vite des erreurs de ses concurrents, mais aussi retenir ce qui fait le succès de certains modèles, comme la Pebble ou la Cookoo, tout en apportant ses propres idées au projet.En attendant que Tim Cook monte sur les planches pour dévoiler la très attendue iWatch, nous avons tenté de dresser un bilan provisoire des 10 points sur lesquels Apple devra se distinguer si elle souhaite conquérir le coeur du public et faire de sa montre son prochain produit phare.
C’est une montre
On pourrait avoir tendance à prendre cela pour un acquis, et c’est pourtant un détail qui fera la différence. L’iWatch doit absolument être avant tout une montre, et par conséquent être en mesure de renseigner immédiatement son propriétaire sur l’heure qu’il est. Cela peut paraître bête mais le succès des montres connectées comme la Pebble n’est pas uniquement dû à l’éventail de fonctions qu’elles proposent, mais à leur capacité à savoir remplir cette fonction simple, pouvoir donner l’heure lorsque l’utilisateur le souhaite, sans avoir besoin d’une action particulière de sa part, comme sait le faire n’importe quelle montre classique. Si Apple souhaite créer un produit pour les geeks, il sera probablement promis au même avenir que les montres-calculatrices de Casio.
Cela ne signifie pas pour autant que l’iWatch doit ressembler à une montre classique (bien que cela soit la préférence de nombreux clients potentiels) mais elle doit au moins être aussi pratique. Outre la possibilité de renseigner son propriétaire sur l’heure ou la date, il est inconcevable de porter une attention permanente à un objet que l’on porte au poignet toute la journée, l’iWatch devra donc supporter que l’on renverse (au moins) quelques gouttes d’eau sur sa vitre ou son bracelet et savoir encaisser les chocs du quotidien.
Si la « Moto 360 » a pu séduire les foules alors que son logiciel est identique à celui de ses principales concurrentes, c’est précisément parce qu’elle se présente comme une montre avant d’être un accessoire informatique. Sans aucun doute, Apple a dans ses équipes les talents nécessaires à la conception d’une superbe montre, et c’est sur ce point essentiel que l’iWatch pourra gagner la bataille, et ce dès que les premiers regards se poseront sur elle.
C’est MA montre
Pour vendre des montres, Apple doit permettre à l’utilisateur de trouver le modèle qui lui correspond, voire lui ressemble. Cela ne signifie pas uniquement personnaliser l’interface (bien que cela puisse également avoir son importance), il s’agit surtout de permettre au client d’adapter sa montre à ses envies, cela peut par exemple passer par la possibilité de changer de bracelet, une manipulation en apparence simple mais qui pourrait devenir assez compliquée en raison de la présence de capteurs.
Mais le bracelet n’est pas la partie que regarderont en premier les clients potentiels, la montre elle-même doit savoir séduire dès le premier coup d’oeil, mais quelle forme adopter pour cela ? Devant la multitude de possibilités (formes, tailles, couleurs) et autant de goûts différents dans la nature, les choix que fera la Pomme seront cruciaux.
D’après certains bruits de couloir, Apple aurait plusieurs modèles de montres différents dans ses cartons, dont un orienté vers les sportifs et un autre plutôt destiné aux hommes et femmes d’affaires. Si on ignore précisément le nombre de déclinaisons qu’offrira la Pomme au moment de la commercialisation de l’iWatch, on espère au moins que les différents produits parleront au plus grand nombre tout en permettant un minimum de personnalisation.
N’oublions pas non plus que ce genre de produits s’adresse également à la gente féminine. Jusque là, la plupart des montres connectées ont adopté un style assez masculin, excluant ainsi une partie de la clientèle potentielle. On compte à présent sur Apple pour rétablir la parité.
Elle doit rester indépendante…
Certes, l’iWatch sera pratique pour lire une notification ou répondre à un message sans avoir à sortir son iPhone de sa poche, mais elle ne devra pas pour autant n’être qu’une extension des produits que l’on possède déjà. Le co-fondateur d’Apple, Steve Wozniak, s’était d’ailleurs exprimé sur ce point il y a quelques semaines, en expliquant qu’il ne serait pas intéressé par un simple relai pour les informations qu’il peut avoir depuis son iPhone et que l’iWatch devra présenter un intérêt propre sans avoir besoin d’un appareil tiers pour le convaincre d’en faire l’acquisition.
Le client qui aura déboursé une somme conséquente aura forcément des attentes à la hauteur de son investissement. Alors qu’il existe aujourd’hui de nombreuses solutions pour déporter certaines informations sur un écran secondaire, comme la Pebble qui permet également de répondre à ses SMS ou d’envoyer des tweets, il faudra qu’Apple ait fait preuve de beaucoup de créativité (ce dont on ne doute pas un instant en voyant les nombreux recrutements autour de l’équipe de développement de l’iWatch) pour balayer d’un revers de la main la concurrence de plus en plus nombreuse et agressive.
L’intégration de Siri sonne également comme une évidence, cependant l’assistant vocal doit encore être amélioré avant d’être parfaitement indépendant. En effet, il arrive encore trop souvent que l’on soit renvoyé vers une recherche sur internet lorsque l’on sollicite ses services, ce qui serait particulièrement désagréable sur le cadran d’une montre. Ceci dit, il restera sans doute une solution privilégiée pour mener à bien des actions basiques, comme ajouter une alarme ou consulter la météo.
En bref, l’iWatch doit impérativement conserver une utilisation simple et adaptée à son petit écran, et éviter impérativement de devoir répondre à une requête par une phrase du style « Merci de consulter votre iPhone pour cela ».
…tout en appartenant à un système global
Lors de la dernière WWDC, la Pomme a posé les fondations de plusieurs plate-formes communes pour ses iDevices, notamment dans les domaines de la santé et de la domotique. Une montre connectée serait précisément l’accessoire idéal pour servir ces fonctions.
Une bardée de capteurs dans le bracelet et sous le cadran permettraient en effet de collecter en permanence certaines données relatives aux activités physiques de l’utilisateur et à son état de santé. Dans le même temps, un appareil que l’on porte toujours sur soi est sans conteste le compagnon idéal pour gérer les équipements de son domicile, de façon manuelle ou automatique. On pourrait par exemple, sans quitter son canapé, actionner la fermeture des volets ou augmenter la température de sa chambre dès que l’on sent les premiers signes de fatigue arriver, ou encore régler la porte du garage pour qu’elle se referme aussitôt que vous aurez passé le seuil de votre maison.
Elle doit apporter de la nouveauté…
Quelle qu’elle soit, l’iWatch doit avoir au moins un as dans la manche, un atout qui la distinguera de ses concurrents. Il peut s’agir d’une application, d’un usage spécifique, ou encore d’un comportement spécialement pensé pour faciliter certaines tâches de notre quotidien. Quoi qu’il en soit, la montre d’Apple ne doit pas reposer sur un ensemble de gadgets mais doit représenter un réel progrès pour ses utilisateurs afin de « créer le besoin » dans l’esprit des clients potentiels, comme la Pomme a su le faire avec l’iPod, l’iPhone ou l’iPad, chacun ayant réussi l’exploit de s’imposer dans un marché soit déjà très exploité, soit au contraire totalement nouveau.
Pour convaincre le public de l’utilité des smartwatch, ou plus précisément de l’iWatch, il faut donc à cette dernière une véritable raison d’être. On attend désormais qu’Apple nous surprenne, que ce soit dans le domaine de la santé, de la sécurité de son domicile ou avec un nouveau moyen de paiement. La Pomme a le champ libre, il ne lui reste plus qu’à faire un choix.
…et savoir tirer parti de ce qui existe déjà
On le voit bien, lors des présentations de produits chez Apple, les dirigeants ne cherchent pas à étaler devant le public une liste sans fin de fonctionnalités, mais plutôt à convaincre les clients potentiels grâce à une sélection habile de quelques points-clés, lesquels seront ensuite améliorés au fil des mises à jour matérielles et/ou logicielles.
Si l’on attend de l’iWatch qu’elle apporte des fonctionnalités jusqu’ici inconnues, cela ne sera pas suffisant pour autant. En effet, le système d’exploitation de la montre d’Apple partagera probablement le même noyau qu’iOS 8, ce qui devrait rendre possible le développement d’apps (en Swift ?) à même de communiquer avec les programmes installés sur iPhone et iPad.
Imaginez que vous puissiez ajouter des notes à Evernote, consulter vos courriels sur MailBox ou répondre à un appel Skype depuis votre poignet. Ne seraient-ce pas précisément ces petites facilités qui vous feraient craquer pour un tel accessoire ?
Elle doit rester un bijou
Une montre est très utile, une smartwatch l’est encore plus. Certes, mais elle est aussi un accessoire de mode et pour beaucoup un signe distinctif représentatif d’un statut social, au même titre qu’une voiture ou une paire de chaussures. À ce titre, l’iWatch devra renvoyer une image à la hauteur des attentes de son porteur, et le cas échéant permettre à celui-ci de faire évoluer son look en fonction de son activité, par exemple en permettant de changer de bracelet selon que l’on fasse du sport ou que l’on se rende au travail. À moins qu’il faille pour cela faire justement l’acquisition de plusieurs modèles, comme on le ferait avec la plupart des marques classiques.
Fabriquer un accessoire que les gens porteront chaque jour, toute la journée, au poignet requiert un savant mélange d’élégance, de praticité, de puissance, de simplicité, d’innovation et d’intemporalité, en bref c’est probablement de loin le produit le plus complexe qu’Apple aura été amené à concevoir depuis qu’elle a vu le jour.
L’autonomie : un critère indispensable
Si les produits de la Pomme sont souvent pointés du doigt pour leurs accus un peu faiblards, l’iWatch devra impérativement faire figure d’exception. Imaginez-vous une seconde être privé(e) de votre montre en plein milieu de la journée parce que vous n’avez pas eu le temps de la recharger avant de partir au bureau ? Impossible !
Alors que l’iWatch devrait embarquer au minimum un écran couleur, une demi-douzaine de capteurs et une puce Bluetooth 4 basse consommation pour échanger des informations avec vos autres iDevices, elle devra être capable de tenir sans problème au grand minimum une journée complète. Bien évidemment, on espère tout de même qu’Apple créera la surprise en annonçant une autonomie record.
Dans tous les cas, une option permettant d’accéder au moins à certaines fonctions de base alors que la batterie est à plat (ou qu’elle commence à puiser dans ses dernières ressources) serait la bienvenue, ne serait-ce que pour pouvoir continuer à lire l’heure.
La plupart du temps, elle ne fera rien
Comme n’importe quelle montre, l’iWatch passera le plus clair de son temps à dormir sagement autour de votre poignet. Lorsqu’un évènement important le justifiera, la montre vous alertera de la nécessité de jeter un oeil sur son écran, cependant cela ne doit pas se répéter trop régulièrement. Imaginez que votre montre se mette à vibrer à chaque nouvelle notification, chaque message reçu, etc… vous auriez vite fait de la ranger au fond de sa boite pour retrouver un semblant de tranquillité.
Google a d’ailleurs bien compris ce point et les montres Android Wear peuvent ainsi adapter leurs habitudes en fonction de celles de leur propriétaire en ne le prévenant que lors des alertes les plus importantes. La montre d’Apple devra sans doute adopter un comportement similaire et savoir quelles routines choisir selon les différentes situations, non seulement pour préserver les utilisateurs, mais aussi pour ne pas puiser inutilement dans ses réserves d’énergie.
Et le prix dans tout ça ?
Étant donné qu’Apple n’est pas vraiment célèbre pour ses prix ultra-agressifs, on peut s’attendre sans trop de risque à devoir débourser une somme plutôt rondelette pour faire l’acquisition d’une de ses montres connectées.
D’après les premières rumeurs qui ont circulé sur la toile, plusieurs modèles différents devraient être lancés avant la fin de l’année, et l’on peut dès lors espérer que la Pomme proposera au moins deux gammes distinctes, l’une plus élégante et l’autre davantage décontractée, chacune avec un tarif en conséquence.
Enfin, il ne faut pas oublier que l’iWatch de 2014 (si toutefois elle sort avant la fin de l’année) sera le tout premier pas d’Apple dans ce domaine, et aura forcément quelques imperfections. Comme tous les nouveaux produits de la Pomme, la première itération est là pour enfoncer de nouvelles portes, comprendre les usages réels qu’auront les clients de l’objet avant d’en optimiser les qualités et d’en estomper les défauts.