Cette interdiction votée en première lecture porte sur la famille des néonicotinoïdes. Le gouvernement n’y est pas favorable.
C’est un vote contre l’avis du gouvernement. L’Assemblée nationale a adopté en première lecture, jeudi 19 mars, l’interdiction, à compter de janvier 2016, des produits phytosanitaires de la famille des néonicotinoïdes utilisés dans l’agriculture, via un amendement des socialistes Gérard Bapt et Delphine Batho. Ces produits sont réputés toxiques, notamment pour les abeilles.La ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, est défavorable à la mesure, au motif notamment que « le cadre européen ne permet pas une interdiction stricte ».
Un moratoire européen nécessaire pour appliquer l’interdiction
A la suite de l’action menée par la France pour que l’Union européenne interdise le Cruiser OSR sur le colza, la Commission européenne a restreint l’utilisation de trois substances actives de la famille des néonicotinoïdes, rappelle l’exposé de l’amendement. Mais ce moratoire, en vigueur depuis le 1er décembre 2013, n’est valable que deux ans. Il va donc prendre fin prochainement.
L’amendement voté, lui, vise toute la famille des néocotinoïdes pour éviter que l’industrie ne substitue des produits cousins après le retrait d’un produit précis. Mais en l’état, cette interdiction n’est pas applicable. « Il faut un moratoire européen pour interdire toutes les molécules de la famille des néonicotinoïdes », souligne le sénateur Joël Labbé (EELV), contacté par francetv info. Actuellement, cinq molécules restent autorisées en France : imidaclopride, thiaclopride, clothianidine, thiaméthoxame et acétamipride.
« Au Moyen-Age, on aurait appelé ça un fléau de Dieu »
L’ancienne ministre de l’Ecologie Delphine Batho souhaite que la France, qui a été pionnière avec le Cruiser, fasse avec tous les néonicotinoïdes « un moratoire » du même type qu’avec le maïs OGM au niveau européen. Elle appelle à « entendre le cri d’alarme des apiculteurs » vu la mortalité actuelle massive des abeilles, par exemple dans le département des Deux-Sèvres, dont elle est députée.
Le député socialiste de Haute-Garonne Gérard Bapt, médecin de profession, a longuement plaidé pour l’interdiction de produits au « succès commercial mondial ». Selon lui, les effets toxiques sont scientifiquement prouvés à la fois sur les insectes pollinisateurs mais aussi sur les sols, l’eau, et sur la santé humaine. Ces néonicotinoïdes sont « neurotoxiques de 500 à 10 000 fois plus que le DDT, qui est interdit » et « il n’y a pas un seul repas où nous n’en consommons pas tous les jours », a-t-il lancé. « Au Moyen-Age, on aurait appelé ça un nouveau fléau de Dieu », a-t-il ajouté.