Facebook revisite sa politique de modération. Dimanche 15 mars, le géant américain a dévoilé ses nouveaux « standards de la communauté », avec l’objectif d' »apporter plus de détails » sur ce qui est autorisé (ou pas) sur le réseau social. Sans révolution à la clé, mais avec quelques clarifications.
Ces règles revisitées vont-elles changer les choses? Retour en quelques points sur ce que vous avez le droit de publier et sur ce qui est formellement interdit sur Facebook, au risque de se voir censurer (ou de voir son compte désactivé).(Un peu) plus de souplesse sur la nudité
Début mars, la justice française se déclarait compétente pour juger Facebook, assigné en justice par un instituteur français qui lui reproche d’avoir censuré son compte. Sur son « mur », il avait posté une photo du tableau de Gustave Courbet, « L’origine du monde », représentant un sexe féminin.
Facebook a-t-il décidé d’en tirer les leçons en se montrant plus conciliant? Toujours est-il que les « œuvres d’art illustrant des personnages nus » sont désormais autorisées, peut-on lire dans la rubrique « Encourager un comportement respectueux » du réseau social. Ont aussi droit de cité « les photos de femmes qui défendent activement l’allaitement ou qui montrent les cicatrices post-mastectomie de leur poitrine », mais pas « les images de poitrines féminines si elles montrent le mamelon ».
« Les restrictions sur l’affichage de nudité et d’activité sexuelle s’appliquent également au contenu créé numériquement, sauf si le contenu est publié à des fins éducatives, humoristiques ou satiriques », précise aussi Facebook, qui bannit « les photographies présentant des organes génitaux ou des fesses entièrement exposées » et, sans surprise, « les images illustrant explicitement des rapports sexuels ».
Le terrorisme (et son apologie) visés
De passage dans la Silicon Valley en février dernier, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait appelé à « une meilleure coordination dans la lutte contre la propagande et le recrutement terroristes sur Internet », citant l' »embrigadement sectaire » et appelant les géants de l’Internet comme Facebook à s’impliquer davantage.
Une demande entendue? Accusé d’être trop laxiste dans ce domaine, notamment en ce qui concerne la diffusion de photos et vidéos violentes, Facebook a en tout cas tenu à afficher sa fermeté. Le site de Mark Zuckerberg affirme que les groupes qui font l’apologie « d’activités terroristes, d’organisations criminelles ou qui promeuvent la haine » sont désormais interdits, tout comme « les images explicites lorsqu’elles sont partagées par sadisme, ou pour célébrer ou glorifier la violence ».
« Nous supprimons également le contenu qui exprime un soutien aux groupes impliqués dans les comportements violents ou criminels mentionnés ci-dessus (« activités terroristes ou activités criminelles organisées, NDLR). Soutenir ou encenser les chefs de ces mêmes organismes, ou cautionner leurs activités violentes, n’est pas autorisé », précise Facebook.
Oui au débat, mais sans anonymat
Pour se prémunir de toute accusation de censure, Facebook se pose aussi en défenseur du débat. « Les personnes peuvent utiliser Facebook pour confronter des idées, des institutions et des pratiques » et ainsi « encourager le débat et une meilleure compréhension », selon le réseau social, qui estime que « les utilisateurs partagent parfois du contenu contenant les propos haineux d’une autre personne à des fins de sensibilisation ou d’éducation ».
« Dans ce cas, nous attendons de ces utilisateurs qu’ils indiquent clairement leur intention afin de nous aider à mieux comprendre pourquoi ils partagent le contenu en question », précise Facebook. Comme le note Zdnet, voilà « une lourde tâche pour les modérateurs d’un service qui compte plus d’un milliard de membres et des utilisateurs aux opinions, cultures et sensibilités très diverses ».
Pour Facebook, cette meilleure compréhension passe en tout cas par la fin de l’anonymat. « Nous acceptons les commentaires humoristiques, satiriques et sociaux, écrit le réseau social, mais « nous pensons que lorsque les personnes utilisent leur véritable identité, elles deviennent plus responsables lorsqu’elles partagent ce type de commentaires ».