La nouvelle chanson de l’équipe des Restos du cœur, qui montre deux générations s’opposer autour de thèmes sociaux, suscite l’émoi et la colère d’internautes.
Les jeunes ? Des fainéants fatalistes et désabusés. C’est en substance le message que semble véhiculer les Enfoirés dans leur traditionnelle chanson de début d’année, dont les bénéfices de la vente vont à l’association Les Restos du cœur, fondée par Coluche. Intitulée « Toute la vie », la chanson montre deux générations s’opposer autour de thèmes sociaux, comme le chômage, le sida ou la retraite. Les paroles et la mise en scène ont déclenché un vent d’indignation, notamment sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes ont dénoncé un “hymne anti-jeunes », une « cacophonie indécente » ou encore une « chanson malaise ».“Nous c’est chômage, violence et sida« . Le clip montre un groupe de jeunes faisant face aux Enfoirés et qui leur lance « vous aviez tout : liberté, plein-emploi. Nous c’est chômage, violence et sida ». Les chanteurs des Restos du Coeur leur répondent en choeur « tout ce qu’on a, il a fallu le gagner, à vous de jouer, mais faudrait vous bouger ».
Ecoutez la nouvelle chanson des Restos du cœur :
« Vous avez raté, dépensé, pollué », poursuivent les jeunes, « je rêve ou tu es en train de fumer ? », rétorquent les Enfoirés. « Aujourd’hui j’envie tellement ta jeunesse », chantent les Enfoirés aux gosses, qui répondent : « quel ennui, je l’échange contre ta caisse ». Et de reprendre le refrain « vous avez toute la vie, c’est une chance inouïe. (…) C’est à ton tour et vas-y ».
Des jeunes dans la team des “anciens”. Concept surprenant, la génération des “anciens” est parfois représentée par des chanteurs nés dans les années 1980 (Lorie, Zaz, Jenifer, Matt Pokora ) voire 1990 (le « choriste » Jean-Baptiste Maunier). La joyeuse troupe chantonne aux côtés de Maxime Le Forestier, Gérard Jugnot, Michèle Laroque, Patrick Bruel, Pascal Obispo, Mimie Mathy ou encore l’auteur de la chanson, Jean-Jacques Goldman.
« L’inverse total de la chanson de Coluche”. La musique sortie le 15 janvier était passée inaperçue jusqu’à ce que le même morceau soit republié sur Internet, avec un autre clip mettant en scène Les Enfoirés. Cette fois, le message devient beaucoup plus incarné et ne passe plus du tout. De nombreux internautes ont déploré le ton « paternaliste » ou « donneur de leçon » de la chanson, écrite par Jean-Jacques Goldman.
« Les Enfoirés n’ont jamais aussi bien portés leur nom ». « C’est pas parce qu’on est jeunes qu’il faut nous prendre pour des cons fainéants… Merci », implore @FreakyFF. Pour @FabienTipon, « le clip des Enfoirés est l’inverse total de la chanson de Coluche sur les Restos du cœur « sans idéologie, discours ou baratin ». « Les enfoirés n’ont jamais aussi bien porté leur nom! écrit @louisdefroment. Ironie de l’histoire, c’est Jean-Jacques Goldman qui avait écrit, en 1986, la célèbre chanson des Enfoirés interprétée par Coluche.
« Un monument d’indécence ». « Dans le clip 2015, il n’est plus question des Restos du Cœur ou de la solidarité vis-à-vis des plus démunis. (…) Cette fois, on a décidé d’engueuler les jeunes plutôt. D’habitude geignardes et bien-pensantes, la chanson de cette année est réac et grossière. Ce truc est un monument d’indécence”, dénonce le blogueur Guillaume Natas.
« Qu’on arrête de dire que les jeunes n’en branlent pas une ». “La vision des jeunes dans cette chanson n’est pas seulement pessimiste, elle est aussi fausse. Où ont-ils trouvé des jeunes aussi peu ambitieux ?”, s’interroge un autre blogueur sur Le Plus. Sophie Riche, journaliste chez madmoizelle déplore elle aussi une vision tronquée de la jeunesse. « Dans ‘Toute la vie’, une idée ressort plus forte que les autres : celles que les jeunes d’aujourd’hui doivent ‘se sortir les doigts’. Mais qu’on arrête de dire que les jeunes n’en branlent pas une. Qu’on arrête de dire que les jeunes ne font rien pour aller mieux et pour que le monde aille mieux ! », s’agace-t-elle.
“Un message d’espoir pour la jeunesse ». Depuis mardi soir, le compte Twitter des Enfoirés n’a cessé de répondre aux invectives: « ce n’est pas le sens du message, qui est positif, désolé que vous en ayez une autre interprétation », défend ainsi le community manager des Enfoirés. La chanson « se veut être un message d’espoir pour la jeunesse ». « Ce qu’il faut comprendre dans les paroles, c’est qu’au lieu de rester sur un désaccord générationnel où chacun se renvoie la balle, il faut encourager la jeunesse a faire bouger les choses car c’est elle qui peut le faire », plaide-t-il encore.