Un sentiment de panique se manifeste auprès des créateurs de contenu qui tirent leurs revenus de YouTube cette semaine. Mais la politique du populaire portail vidéo a-t-elle vraiment changé?
Selon le blogue Digiday, YouTube s’apprête à réprimander les partenaires qui pratiquent le placement de produit à l’intérieur de leurs vidéos en négociant directement avec les marques, sans passer par Google.Cette politique en soi n’est pas nouvelle : YouTube interdisait déjà cette pratique. Seulement, l’entreprise a décidé de ne plus tolérer celle-ci, et il est fort probable qu’elle mette en place un algorithme qui détectera automatiquement les contenus illicites.
YouTube interdit désormais les messages en début de vidéo destinés à des fins publicitaires lorsqu’ils comprennent des images ou des logos. Telle est la véritable nouveauté de la politique sur le placement de produit rémunéré.
Qu’est-ce que cela signifie concrètement?
Lorsqu’un partenaire YouTube souhaite diffuser une vidéo commanditée par une marque sur sa chaîne, il doit en aviser YouTube en cochant la case prévue à cette fin. Il existe deux tendances chez les créateurs de contenus qui préfèrent rester silencieux à ce sujet :
- Ils laissent la publicité Google activée pour la vidéo commanditée, afin de tirer des revenus tant de YouTube que de la marque avec laquelle ils ont négocié le placement de produit. Le risque d’un conflit publicitaire peut toutefois se manifester (par exemple, une publicité de Nintendo pourrait précéder la diffusion d’une vidéo commanditée par Sony ou Microsoft).
- Ils désactivent la publicité Google pour la vidéo commanditée, évitant ainsi tout conflit publicitaire avec la marque dont ils font la promotion. YouTube diffuse ainsi «gratuitement» du contenu dont elle ne tire aucune redevance.
Votre chaîne fait partie d’une association bénévole de YouTubers et vous avez l’habitude d’introduire votre contenu avec le logo de celle-ci? Vous contrevenez aux conditions d’utilisation de YouTube. Même chose si vous intégrez une image de marque n’importe où dans une vidéo. Voici ce que mentionne le nouveau paragraphe de la politique sur le placement de produit rémunéré à l’égard des images présentées au début d’une vidéo :
«Les images statiques de démarrage ne contenant que du texte sont uniquement autorisées afin d’indiquer la présence d’un placement de produit rémunéré dans les vidéos en contenant. Les images statiques de démarrage comprenant des images, y compris le logo du sponsor et des marques de produits, sont interdites, sauf si le sponsor rachète l’ensemble du média Google pour le contenu du partenaire. Contactez le responsable des partenariats pour obtenir de l’aide et plus d’informations.»
Un porte-parole de YouTube a déclaré à Digiday que cette modification n’est qu’une clarification de la politique de l’entreprise à l’égard de la publicité, qui demeure inchangée. La principale motivation derrière la stratégie de YouTube est d’éviter que les spectateurs ne soient bombardés par de la publicité, après nombre d’abus de la part de certains réseaux multichaînes.
Un nouveau format publicitaire se pointe à l’horizon
D’autres changements pourraient toutefois être au rendez-vous aux dires de Paul Kontonis, directeur de la Global Online Video Association. Il raconte que YouTube serait sur le point de mettre en place un nouveau format publicitaire appelé product card. Essentiellement, les marques pourront bientôt employer ce format dans le but de présenter un message vidéo d’une durée de 6 secondes qui apparaîtra avant les contenus qu’ils commanditent.
Si YouTube décide d’appliquer ses propres règles à la lettre, cela signifiera plus de revenus pour Google, et moins pour les créateurs de contenus et les réseaux multichaînes. Le pourcentage que YouTube retire de la publicité diffusée varie d’une chaîne à l’autre, mais par défaut, l’entreprise conserve 45% des recettes.
«YouTube a besoin de le faire, parce que dans leur esprit, ils perdent de l’argent avec les placements de produits et les contenus commandités à même la vidéo», a déclaré Kontonis à propos du changement de cap de l’entreprise. «Mais cette industrie n’en est encore qu’à ses balbutiements, et mettre en place toutes ces restrictions qui diminuent les revenus des réseaux multichaînes – qui aident à la production de contenus de qualité, à la fidélisation des spectateurs et à la rentabilité du portail – est un manque de vision.»
Il va de soit que l’application de la politique de YouTube à l’égard du placement de produit risque de générer un nombre important de faux positifs, dans laquelle le créateur de contenus est coupable d’enfreindre les règles de YouTube jusqu’à preuve du contraire.