Au Royaume-Uni, le gouvernement a autorisé des essais de ces véhicules sur la voie publique dès janvier 2015. La France ne compte pas se laisser distancer.
Alors que quelques Etats américains ont déjà franchi le pas avec les Google Car, le gouvernement britannique a donné son feu vert, mercredi 30 juillet, à des essais de voitures sans conducteur sur la voie publique. Elles seront testées dès janvier 2015, pour une période de 18 à 36 mois, dans trois villes qui n’ont pas encore été choisies. Cela peut ressembler à de la science-fiction mais le ministère des Transports britannique comptait, à l’origine, commencer les expérimentations sur route dès 2013. Qu’en est-il en France ?Des essais dès 2015…
Si la France pouvait sembler être à la remorque, le gouvernement a mis un coup d’accélérateur. De fait, la voiture sans conducteur fait partie des 34 projets du plan pour la nouvelle France industrielle (PDF) initié par le ministère de l’Economie. « De premiers essais en route ouverte auront lieu dès 2015, en parallèle du lancement de projets de recherche et développement », a-t-il écrit dans un autre document.
Ces tests ne seront pas effectués que sur circuits mais également sur la voie publique, sur des routes données et à des horaires précis. Mais aucun détail n’a été donné pour l’instant.
… des arrivées progressives en 2018, 2020, 2030…
Le ministère évoque des « essais » mêlés à des « projets de recherche et développement ». Autrement dit : ce n’est pas encore au point. De fait, les constructeurs promettent de commercialiser des modèles capables de conduire par eux-mêmes dès 2020, et sans personne à bord à partir de 2030.
Pour les voitures qui ont besoin d’une personne au volant. « On peut établir la séquence actuelle : 2018, premiers véhicules sur les routes dans les pays pionniers que sont aujourd’hui les États-Unis, le Japon et la France. 2020, c’est un début de commercialisation en Europe », a estimé le PDG de Renault Carlos Ghosn, en juin. Le site spécialisé Le Journal du geek a mis en ligne une vidéo montrant une démonstration du prototype de voiture connectée de Renault, la Next Two.
Concrètement, en 2016, Nissan compte introduire des systèmes pouvant prendre les commandes du véhicule lors des embouteillages, et pour se garer automatiquement. En 2018, la voiture devrait pouvoir changer de file elle-même et gérer les imprévus. En 2020, elle devrait être capable d’aborder de les intersections et carrefours selon sa propre initiative.
L’esprit est le même chez le Japonais Toyota. Il ne s’agit pas de concevoir un véhicule sans conducteur « mais plutôt une voiture équipée d’un copilote attentif pour une conduite plus sûre », indique le premier constructeur mondial. BMW est sur la même ligne, comme le montre cette vidéo (sous-titrée en anglais) d’un journaliste allemand qui a pris l’autoroute, à bord d’une voiture autonome, entre Munich et Ingolstadt (Allemagne). Le véhicule s’est inséré dans la circulation et a doublé d’autres voitures sans son intervention.
Pour les voitures qui se déplacent sans personne à bord. « C’est beaucoup plus lointain » dans le temps, a reconnu Carlos Ghosn. Cela sera plutôt prêt dans 20 ans, a concédé un chef de projet en recherche & développement d’Akka Technologies au site spécialisé 01net.com, lors du salon LeWeb, à Paris, en décembre 2013. En partenariat avec l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), son entreprise développe le Link & Go, un véhicule électrique et connecté qui se conduit et se gare avec ou sans conducteur.
L’arrivée de ces voitures risque d’être tardive car il y a un gouffre entre le prototype et le modèle produit de façon industrielle. Dans la Google Car, par exemple, « les capteurs (caméras, lasers, capteurs à ultrason, radars adaptatifs…) et ordinateurs de bords sont pour l’instant trop coûteux pour être largement déployés, relève un blog spécialisé du quotidien économique Les Echos. Et pour être intégrés aux véhicules, ces instruments devront être plus avancés encore, miniaturisés », ajoute-t-il.
D’ailleurs, Google a dévoilé, en mai, son propre modèle de voiture électrique autonome, un prototype aux formes arrondies et entièrement piloté par ordinateur.
… mais il faut d’abord changer la législation
Qui sera responsable si une voiture sans conducteur est impliquée dans un accident ? Avant de penser à une éventuelle commercialisation, il faut que tous les Etats s’accordent pour modifier la législation internationale en vigueur. Le traité de la convention de Vienne sur la sécurité routière prévoit que « tout conducteur doit constamment avoir le contrôle de son véhicule ».
En France, par exemple, l’article R412-6, stipule que « tout véhicule en mouvement ou tout ensemble de véhicules en mouvement doit avoir un conducteur » et que « tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d’exécuter commodément et sans délai toutes les manoeuvres qui lui incombent ».
« Plus que la faisabilité technique, c’est la résolution des problèmes de législation et de responsabilité qui va prendre un petit peu de temps », a affirmé Carlos Ghosn. Avis partagé par Philippe Obry, directeur Recherche & Développement chez Akka Technologies : « La voiture autonome ce n’est pas de la science-fiction, c’est réel et ça se passe maintenant ! La technologie est prête, maintenant c’est juste une question de réglementation. »
Une question qui risque d’être traitée sans tarder car le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, souhaite que la France se remette « en première ligne, à l’avant-garde du progrès technologique ».